mai 11, 2012 0

Néon

By in Products

Du trait aux arabesques de lumière

La douceur du mot tranche avec l’apparente froideur de son émission lumineuse. Géniale invention centenaire, familière des paysages urbains et des locaux industriels car conçue initialement pour être de véritables balises dans la ville ou pour remplir une fonction plus utilitaire d’éclairage, l’exposition qui se tient à la Maison Rouge à Paris montre à quel point le tube de néon a été et reste également une source d’inspiration pour de nombreux artistes. Dans un souci de montrer que le néon peut aussi émouvoir, provoquer, éblouir, faire sourire, réagir ou simplement rêver, les oeuvres présentées au fil des différentes salles sont tantôt linéaires, sinueuses, sculpturales, à textes, poétiques, picturales, voire célestes…un univers qui ne laisse aucun indifférent, petits ou grands.

Jean-Michel Alberola suspend l’espérance à un fil. Joseph Kosuth, un des premiers à avoir utilisé le lettrage en néon, réalise une mise en abyme de cette source lumineuse utilisée par Sylvain Willenz pour Ray édité par Tamawa.

Who’s afraid of red, blue and yellow ?

Enfermé dans un tube en verre et soumis à une décharge électrique, le néon, gaz rare incolore, libère un halo rougeoyant. L’utilisation du dioxyde de carbone, de l’hélium, de l’argon plus ou moins mélangé avec des vapeurs de mercure procurera du blanc, jaune, violet ou bleu. Le néon est ainsi devenu le terme générique pour qualifier ce type de lampes, incluant celles manufacturées de façon artisanale et les tubes fluorescents de fabrication industrielle. Les formes issues du soufflage du tube de verre et la gamme de couleurs laissent infini le champ des possibles.

De Lucio Fontana à Matthieu Mercier

Avec Gyula Kosice, Lucio Fontana fait partie des pionniers de l’utilisation du néon dans le domaine de l’art. En 1949, il conçoit son premier environnement spatial lumineux. Fasciné par les premières images de l’espace qui sont diffusées à cette époque, elles  constitueront la toile de fond de ses recherches. « Je ne veux pas faire un tableau, je veux ouvrir l’espace, créer pour l’art une nouvelle dimension, le rattacher au cosmos, tel qu’il s’étend, infini, au-delà de la surface plate de l’image », Lucio Fontana dans le Manifeste blanc. A partir de 1951, il utilise ainsi le néon pour créer de véritables plafonds lumineux à l’image de ciels nocturnes. Pour la XIème triennale de Milan, c’est un monumental néon tourbillonnant Ambiente spaziale qui orne le plafond de l’escalier du Palais des Arts. Dans Concetto spaziale (#65B6), il revient à l’échelle du tableau, associant la peinture à plusieurs tubes de néon placés au dos de la toile, créant ainsi une forme de constellation.

Chromosaturation de Carlos Cruz-Diez, véritable expérience sensorielle, la couleur évoluant dans le temps et l’espace ; éclipse sugérée chez Laurent Grasso ou écrite chez Cerith Wyn Ewans.

Une invitation à rêver avec l’assertion de Claude Lévêque qui retranscrit en néon l’écriture de sa mère âgée ; François Morellet suggère le vide par l’assemblage de 4 tubes délimitant une forme géométrique, à la frontière avec une oeuvre picturale ; suspendue au plafond, l’oeuvre de Matthieu Mercier associe un tube fluorescent à des arabesques de néon, reprenant ainsi sa place et sa fonction originelles de source lumineuse.

Ray de Sylvain Willenz édité par Tamawa, petit décryptage 

Avec la suspension lumineuse Ray, Sylvain Willenz explore une nouvelle fois, quelques années après le projet Innertube (abat-jour en caoutchouc maintenu en forme par un tube de néon annulaire), la typologie du tube de néon, un luminaire en général absent des applications domestiques, en utilisant les billes de bakélite comme système d’accroche coloré. Ray est une solution alternative, raffinée et poétique aux ordinaires tubes de néon.

Disponible en 2 formats en 1 ou 3 modules, les billes sont disponibles en bleu, jaune, mauve, noir, orange, rouge et rose, à assembler au choix dans toutes les combinaisons de couleurs possibles ou en noir uniquement.

Né à Bruxelles en 1978, Sylvain Willenz a suivi une formation de designer au Royal College of Art de Londres (diplômé en 2003 en MA Design Products). En 2004, Sylvain ouvre son bureau en design industriel à Bruxelles. Avec une approche du design caractérisée par une grande curiosité pour le produit, l’industrie et les procédés de fabrication, Sylvain Willenz et son équipe, s’attellent à divers projets allant du luminaire aux produits de consommation en électronique en passant par le mobilier ou même les accessoires.

 

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